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Au coeur du système-monde : mers et océans
aide à la prise de notes

C - Des mers et des détroits inégalement fréquentés et parfois devenus
des "points chauds"
Étude de cas : le golfe "arabo-persique"



C2a / L'antagonisme "historique" entre les deux rives

Le Golfe est un bras de mer disputé, notamment, entre l'Iran et l'Arabie Saoudite, les deux principales puissances régionales au Moyen Orient : son nom lui-même a varié, encore que les Géographes s'en soient toujours tenus officiellement à l'appellation "golfe persique", en usage depuis l'Antiquité. Un espace séparant (?) le monde Perse du monde Arabe, par lequel transite la principale route maritime pétrolière et où se trouve par conséquent le verrou stratégique le plus sensible, compte tenu de la dépendance de nos économies aux hydrocarbures.




C2b / Une opposition entre Sunnites et Chiites dont il faut nuancer la portée, car les puissances wahabbites du littoral méridional, par exemple, ne sont pas
en bon terme, et de nombreuses querelles échappent à une clef de lecture confessionnelle (ici comme dans tout le Poroche8Orient et contrairement à une idée reçue : cf le problème kurde)


C2c / Un bras de mer traditionnellement dominé par l'Iran, mais où les puissance euroépennes puis les États-Unis ont joué la carte des monarchies arabes sunnites contre les puissances régionales traditionnelles (les empires perse et ottoman)

VOIR UN SCHEMA SUR L'HISTOIRE DU MOYEN ORIENT :



 Le partage colonial du monde arabe entre puissances européennes aboutit d'abord, dans le Golfe, à une hégémonie britannique. La Grande-Bretagne protège les émirats de la rive Sud (rattaché à l'empire des Indes) puis occupe l'Irak après la première guerre mondiale et l'évincement des Turcs. Elle partage le pétrole de Mésopotamie avec son allié Français, lui réservant 15% de la production en échange du transit par la Syrie de l'oléoduc permettant les exportations vers la Méditerranée. Les interêts de l'industrie pétrolière américaine amène de leur côté les États-Unis à soutenir la monarchie Saoudienne, fondatrice, dans les années Trente, d'un nouvel état gardant les lieux saints. 



De 1945 à nos jours, les "pétromonarchies" arabes restent des alliées fidèles des puissances occidentales, malgré des tensions (question palestinienne, islamisme radical et violent) d'autant plus utiles qu'elles réinvestissent l'essentiel de leurs pétrodollars dans l'économie des pays développés.

Le partage colonial du monde arabe entre puissances européennes aboutit d'abord, dans le Golfe, à une hégémonie britannique. La Grande-Bretagne protège les émirats de la rive Sud (rattaché à l'empire des Indes) puis occupe l'Irak après la première guerre mondiale et l'évincement des Turcs. Elle partage le pétrole de Mésopotamie avec son allié Français, lui réservant 15% de la production en échange du transit par la Syrie de l'oléoduc permettant les exportations vers la Méditerranée. Les interêts de l'industrie pétrolière américaine amène de leur côté les États-Unis à soutenir la monarchie Saoudienne, fondatrice, dans les années Trente, d'un nouvel état gardant les lieux saints.
 



De 1945 à nos jours, les "pétromonarchies" arabes restent des alliées fidèles des puissances occidentales, malgré des tensions (question palestinienne, islamisme radical et violent) d'autant plus utiles qu'elles réinvestissent l'essentiel de leurs pétrodollars dans l'économie des pays développ


Les Trois guerres du Golfe

Elles ont affaibli puis quasiment détruit l'état irakien, l'un des deniers à se réclamer du panarabisme (dictature de Saddam Hussein et monopole du pouvoir du Parti Baas jusqu'en 2003)et dont l'ambition était de se poser en puissance régionale nouvelle  face à l'Iran et surtout à l'Arabie Saoudite, décrite comme un état dépourvu de légitimité historique. A quoi correspondent ces trois conflits ?



-Il s'agit d'abord de la guerre Iran-Irak qui voit le régime de Saddam combattre de 1980 à 1988 dans le but avoué de libérer des territoires peuplés d'Arabes mais appartenant à l'Iran (Khouzistan, delta et îlots du Chatt-el Arab). Le but des Irakiens est en réalité de supplanter l'Iran comme puissance régionale et de prévenir la contagion de sa révolution islamique auprès des Chiites d'Irak, incités à se révolter par Téhéran. Statique à partir de 1982, le front, par ses tranchées (et les tactiques employées) rappelle la guerre 1914-1918. Bien que soutenu par la plupart des grandes puissance et recourant à des attaques chimiques systématiques, l'Irak ne parvient pas à l'emporter et la paix, négociée en 1988, ne change rien aux frontières d'origine.

-L'Irak estime alors avoir défendu la cause des Arabes et des Sunnites et mériter la solidarité des états du golfe pour solder sa dette. Mais ni l'Arabie Saoudite ni le Koweit, jaloux de son influence, n'acceptent de réduire leurs livraisons de pétrole pour stimuler les cours ; tout au contraire, ils augmentent leur production au risque de déstabiliser le régime de Saddam, lequel comptait sur cette manne pour reconvertir son économie. L'Irak décide alors de liquider le Koweit, avec lequel il a depuis toujours un litige frontalier et dont il considère au surplus qu'il s'agit d'une province irakienne détachée par l'effet du colonialisme britannique. La prétendument "première" (sic) guerre du golfe (ou la seconde ?) dure de 1990 à 1991 car les Etats-Unis, pourtant officiellement  indifférents à la querelle au départ, prennent la tête d'une coalition internationale (forte de 34 belligérants) et interviennent pour libérer le Koweit (août 1990 - février 1991). George Bush envisage dès ce moment de renverser Saddam (mais ses alliés, et notamment la France, l'en dissuadent, ce qui permet au dictateur de Bagdad d'écraser la révolte des Kurdes).

-Etats-Uniens et Britanniques interviennent à nouveau en Irak en 2003 en alléguant d'un soutien (non avéré) de l'Irak à Al Qaida et de sa prétendue possession d'armes de destruction massive. Cette "deuxième" guerre du golfe (ou troisième ?) dite aussi "guerre d'Irak" est menée au nom du concept de guerre préventive prôné par George W Bush, qui agit  malgré la réprobation de "la vieille Europe" (France, Allemagne) et de nombreuses puissances émergentes (Chine) donc sans l'aval de l'ONU (unilatéralisme).




C3 - Au plan maritime : des routes et un détroit au coeur des principaux flux d'hydrocarbures

Des tensions liées à la politique d'embargo des États-Unis à l'égard de l'Iran et aux conflits d'intérêt entre puissances
carte 1 page 24

PARCOURS 1 page 26
commentaire des supports du manuel




Un détroit placé au coeur des principaux flux d'hydrocarbures. Une mer très riche en ressources offshore,et  facile à aménager (faible profondeur aux abords des côtes) dont le potentiel touristique est encore faiblement valorisé, mais qu'un risque de submersion lié au contexte global fragilise.


Le pétrole iranien fait l'objet d'un boycott qui concourt à renchérir le prix des hydrocarbures. Ce qui permet paradoxalement aux pétroles dits "non conventionnels" (gaz de schiste des États-Unis notamment) d'être vendus au prix du marché. La question des tubes devant acheminer le gaz de la région vers l'Europe est l'objet de vives disputes : la Russie n'a aucun intérêt à voir ses propres exportations vers l'UE être concurrencées, mais les États-Unis ne veulent pas d'une dépendance énergétique européenne à l'égard de Moscou.




PARCOURS 1 commentaire de la carte (document1)
La plupart des ports de la région sont de simples "terminaux" exportant les hydrocarbures de la région tels que Bandar Abbas (récemment rebaptisé en l'honneur de l'ayatollah Khomeiny) ou Ras Tanura (gisements continentaux et offshore nombreux, très proches et faciles à exploiter). Mais la
diversification de l'économie entreprise par les émirats sunnites de la rive sud s'est accompagnée de l'émergence de très grands "hubs" portuaires (Abu Dhabi et Dubai essentiellement) tandis que des flux nombreux convergeaient vers les métropoles de la région (trafic de porte-conteneurs mais aussi aéroportuaire). Le pétrole et le gaz de la région transitent par la mer d'Oman pour ravitailler l'Asie, via le détroit de Malacca, ou les  pays "occidentaux" (Europe, Amérique du Nord) par un itinéraire contournant l'Afrique (route des supertankers, trop gros pour passer par le canal de Suez).



PARCOURS 1 question 3
La politique d'embargo frappant l'Iran depuis la révolution islamique de 1979 contraint l'ensemble du monde à s'abstenir officiellement de tout commerce avec ce pays (par l'effet, notamment, des lois d'Amato et Kennedy qui, dans ce cas comme pour tous les "
rogue states" soumis à blocus prévoient des sanctions pour les entreprises ou pays étrangers ne se ralliant pas à l'ostracisme commercial décrété par Washington. Téhéran essaie (vainement jusqu'ici) de faire pression sur la communauté internationale en menaçant de fermer le détroit d'Ormuz ou de se doter de l'arme nucléaire pour obtenir un allégement de l'embargo. La perspective d'obtenir une normalisation de ses relations avec le monde moyennant l'abandon de "la bombe" s'est éloignée du fait du refus de Donald Trump de valider l'accord de 2015 accepté par son prédécesseur Barak Obama.



PARCOURS 1 question 1 et question 2
La présence de bases navales permanentes et de flottes de guerre états-uniennes, britanniques et françaises est censée garantir la sécurité de la circulation mais des incidents, qui pourraient dégénérer en
casus belli se produisent régulièrement avec les forces iraniennes. Le stationnement de troupes américaines sur le sol saoudien (entre 1990 et 2003 et depuis 2019) vient garantir ce pays d'une éventuelle invasion iranienne ; mais il fut le prétexte de la création d'Al Qaida. L'opposition entre l'Iran et l'Arabie Saoudite est initialement d'origine religieuse (la garde des lieux saints est revendiquée par l'Iran) mais s'intensifie en raison de contentieux politiques et économiques opposant les pays riverains du Golfe (contrôle des îles et donc des gisements offshore, leadership symbolique sur l'Islam). Les pétromonarchies de la rive sud et l'Iran se disputent les îlots du golfe car leur attribution a des conséquences sur la délimitation des ZEE. Or, de nombreux gisements de pétrole et de gza se trouvent en mer. Seul le Qatar a pris le parti de partager équitablement avec son grand voisin les ressources du gisement North Dom (en fait : contigu avec South Pars) ce qui a provoqué la colère de ses voisins arabes et sa mise à l'écart aui prétexte de son soutien aux Frères Musulmans, organisation hostile à l'Arabie Saoudite.





INFORMATION COMPLÉMENTAIRE SUR LA CRISE DU GOLFE DE 2017

L'abandon des projets iranien et quatari de gazoducs entre les gisements North Dome - South Pars
(20% des réserves mondiales connues en 2014) et la Turquie et la Syrie est sinon la cause du moins l'un des signes des tensions et influences opposées se manifestant dans la région moyen-orientale.
Les sanctions décidées par les Etats-Unis à l'encontre de l'Iran ont en effet conduit dans un premier temps au retrait du projet de tube entre le gisement South Pars et l'Europe via la Turquie.

 La Russie, gros fournisseur de gaz à l'Europe, s'opposant à tout pipe line la mettant en concurrence avec les fournisseurs perse et qatari, a fait pression sur le régime Syrien pour qu'il n'accepte pas le transit  depuis la frontière de l'Irak vers la côte méditerranéenne ; et l'a soutenu à partir de 2015 dans la guerre civile née du printemps arabe
de 2011. 
L'ambition qatarie de contrarier le leadership de Ryad sur le wahabbisme  et de déployer une politique étrangère originale pour se rapprocher de la Turquie et se montrer plus conciliant à l'égard de l'Iran, rival traditionnel de l'Arabie Saoudite, a provoqué une rupture diplomatique avec ses voisins arabes (crise dite "du golfe" ouverte en 2017).

Hydrocarbures et religions ; une carte du Monde Diplomatique publiée en 2007
montrant la place centrale du Golfe Persique et la dispersion territoriale et la diversité des communautés se réclamant du chiisme, dont l'Iran est souvent suspecté par ses rivaux régionaux de vouloir les fédérer à son profit :
Si le "nombril du monde" a longtemps été la Méditerranée (sans doute, avant cette date, le principal espace maritime du point de vue de l'intensité des échanges comerciaux) puis, à partir de 1492 : l'océan Atlantique, c'est l'aire Pacifique qui, depuis 1985, est la première région, au coeur des flux mondialisés.  Mais le golfe arabo-persique reste sans doute le principal enjeu stratégique depuis 1945, en raison de son importance dans la production et l'acheminement des hydrocarbures : les tensions régionales ont pris de l'ampleur à partir de 1979 (la confrontationt irano-arabe s'aggravant) et la déstabilisation de la région pris un tour alarmant depuis 2003 (guerre d'Irak).



vdp 2022