La recomposition des campagnes : des espaces ruraux dont les fonctions et la morphologie changent beaucoup



On se demandera dans ce chapitre si le rural doit être décrit comme "fragmenté" en différentes sortes de campagnes (les unes, encore agricoles, et les autres, transformées voire urbanisée) ou si l'espace rural est globalement en train d'accueillir des populations et des activités nouvelles qui en provoquent "la recomposition".

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A - Le cas du Pays Basque (l'exemple luzien) : déclin de l'agriculture, bouleversement des paysages

L'echelle urbain - rural s'est aujoud'hui estompée, au Pays Basque comme ailleurs.
 La ville (agglomération ceinte de remparts et dotée de son administration propre comme d'une justice autonome s'étendant à la "banlieue", sous l'Ancien Régime)  n'est plus forcément un lieu étroit, caractérisé par des constructions denses et un nombre d'habitants élevés, tandis que les campagnes ne sont pas vouées à la production animale et végétale ni faiblement peuplée
On constate localement que Saint-Jean-de-Luz n'a  pas davantage d'habitants de nos jours qu'au XVIIIème siècle, quand la rue du Midi en marquait la limite (la cité des Corsaires n'est pas une ville au sens médiéval du terme, car sans muraille et propriété des chanoines de Bayonne, elle s'est émancipée assez tardivement). Ce n'est plus un lieu étroit, sa densité a baissé. Les Halles, le centre commerçant et les fonctions supérieures récentes (gares, écoles, lycées, hôpitaux) font indiscutablement de Saint-Jean-de-Luz une ville (pour l'INED et l'INSEE, 2000 habitants agglomérés au chef-lieu suffisent) mais certains de ses quartiers périphériques conservent toutefois l'aspect d'un village (on y voit plus d'espaces verts que d'espaces bâtis, comme à Acotz, Urthaburu ou Fagosse
VUES D et E). Elle est par ailleurs le coeur d'une agglomération pluri-communale assez notable selon les normes françaises (car on compte dans son unité urbaine plus de 20 000 habitants, ce qui est relativement beaucoup) VUE B.
Une bonne partie des citadins ne vivent plus dans les villes-centres mais dans des communes urbanisées proches du centre (faubourgs et banlieues qui sont décrites comme formant un "espace suburbain", comme c'est le cas d'Urrugne). Voire dans des communes plus éloignées et dont le paysage reste rural, comme à saint-Pée-sur-Nivelle
(VUE E). De ce point de vue, presque tout le Pays Basque de France, et en tout cas le Labourd, est aujourd'hui, en dehors des agglomérations, constitué de territoires périurbains dont la morphologie les fait nommer "campagnes urbaines" et dont le caractère mixte (parfois noté comme "rurbain") réside dans le fait que ses habitants sont de moeurs urbaines (beaucoup de navetteurs), et qu'elle accueille de plus en plus de gros équipements jadis typiques des villes ; entrepôts, centres commerciaux, zones d'emploi, cliniques vétérinaires ou centres de soin, écoles et centres de sports voire de spectacles. L'espace encore dédié à la production agricole et préservé des résidences secondaires comme des citadins "périurbains" et parfois désigné par l'expression "rural profond" (VUE A) recule, au profit de lotissements (fonction résidentielle) mais aussi d'activités différentes (par exemple : un centre hippique ou un camping
, voire un supermarché, à la place d'une exploitation ancienne). Il est en outre menacé par l'implantation éventuelle d'infrastructures de transports (ligne LGV, rocades autoroutières,  etc.).