DEVOIR DE MEMOIRE ET REPENTANCE    


François Mitterrand, Président de la République entre 1981 et 1995,  reonnaît la réalité des persécutions commises par les aurorités de Vichy. Mais il considère, comme tous ses présécesseurs, que le régime du Maréchal Pétain n'est pas la France entre 1940 et 1944. Pour lui, la République s'incarne en la personone du Général de Gaulle dès l'armistice de 1940. Pourtant, la France Libre n'est pas en mesure de former un gouvernement provisoire avant la fin du conflit, et ce gouvernement n'est reconnu par les Etats-Unis qu'en 1944 !

Depuis 2000 le 16 juillet est devenu une Journée Nationale à la mémoire des victimes... et en Hommage aux Justes.
Le premier Ministre de 1'époque (Lionel Jospin, 1997-2002) et le PS soutenant, sur cette question, le Président Chirac, et s'étant abstenu comme lui de fleurir la tombe du "vainqueur de Verdun" en 1998..


Une reconnaissance tardive, par l'Etat, de ses responsabilités

C'est François Mitterrand qui décide en 1993 de commémorer dorénavant (tous les 16 juillet) la rafle du Vel d'Hiv, opérée par la police aux ordres de Pétain. Mais il se refuse à aller plus loin dans la reconnaissance de la participation de la France dans la mise en oeuvre du génocide.

 
Jacques Chirac reconnaît pourtant, en 1995, la responsabilité de la France dans "la Shoah", alors que tous ses prédécesseurs avaient considéré, comme de Gaulle lui même, que Vichy était une usurpation, et niaient ipso facto la participation des administrations et autorités françaises "légales" au Génocide. Le Président néo-gaulliste fait preuve de courage politique en rompant avec la posture du mouvement politique dont il est issu, et en sortant de l'ambiguité cultivée par Mitterrand, qui admettait l'existence de coupables francais, mais non la responsabilité de l'Etat.

 La communauté Juive de France, satisfaite de cette reconnaissance,  n'entend plus désormais adopter un "profil bas" et veut au contraire commémorer  et faire connaître les discriminations dont elle a été spécifiquement l'objet :  un Mémorial de la Shoah est inauguré à Paris en 1996, puis un mur des noms (des victimes) est dressé devant le musée en 2005. Si 75 % des Juifs de France ont échappé à la persécution entre 1940 et 1945, chiffre attestant le peu d'empressement de leurs concitoyens à les dénoncer et pourchasser, on reconnaît désormais que la police et les autorités ont  activement collaboré avec l'Allemagne nazie (et parfois devancé ses exigences, comme dans le cas de l'internement et de la déportation des enfants) en matière d'antisémitisme.


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La reconnaissance des reponsabilités de la France fait débat. Les modérés (François Bayrou) se montrent souvent réservés et prônent la réconciliation, tandis que la Droite craint une autoflagellation
(Philippe Seguin) et dénonce les effets d'une repentance qui serait systématiquement induite par l'invocation du "devoir de mémoire" (notamment par Lionel Jospin). Les controverses sur la légalité et la légitimité de Vichy transcendent les clivages partisans et le sénateur Charasse (proche de F Mitterrand) voit dans la politique mémorielle de la France depuis 1995 une "erreur historique", des personnalités de tout bord marquant leurs réserves (J-P Chevénement).




L'inflation des lois mémorielles... des effets pervers ?

La loi Gayssot de 1990 veut punir le négationnisme - devenu un délit - mais a des effets
pervers (elle est critiquée par Simone Veil qui estime que le texte donne à croire qu'il y aurait des "choses à cacher" en ce qui concerne la Shoah) ;  certains intellectuels crient au délit d'opinion et un soutien international inattendu est apporté, même par des personnalités réfutant leurs théories, aux négationnistes "privés du droit de s'exprimer".
D'autre part, des communautarismes concurrents se manifestent : une loi est votée qui reconnaît la réalité du génocide Arménien (perpétré en 1918, par les Turcs) puis une autre (la Loi Taubira) qui déclare que l'esclavage des Noirs est un crime contre l'Humanité (il sera question plus tard d'un autre projet de loi pour sanctionner les propos le niant)...
Pour satisfaire l'électorat, le Parlement vote donc des lois mémorielles dont l'aspect pratique est discutable et l'effet symbolique pas toujours heureux (impression d'ingérence dans les affaires des pays étrangers, méfiance des Historiens contre le risque d'une Histoire officielle, qui retentit notamment lorqu'une loi prescrit de faire un "bilan positif " de la colonisation ou lorsque le président Sarkozy souhaite créer un Musée de l'Histoire de France pour défendre "notre patrimoine" et "notre identité" et que son projet est violemment attaqué).
Le thème du "Devoir de Mémoire" et  la question de la "repentance publique" font polémique, tandis que le caractère prétendument pédagogique des procès tardifs (Klaus Barbie est condamné à la détention à perpétuité en 1987) est mis en cause (Serge Bernstein à propos du procès Papon)...
Les particularités du Génocide Juif sont, dans ce contexte,  oubliées par une partie de l'opinion et son traitement en classe devient "sensible" dans le vocabulaire de l'Education Nationale : un lien artificiel, mais exposé dans de nombeux sites d'inspiration négationistes prospérant sur le net,  est fait par certains élèves des lycées avec le problème palestinien ou la politique actuelle de l'état d'Israël : on va jusqu'à reprocher parfois à ce pays d'instrumentaliser  la Shoah. Même la remise de récompenses aux "Justes" (par une institution israélienne créée dans les années 50,  qui honore les personnes ayant sauvé des vies pendant l'Occupation)  fait l'objet de disputes qui peuvent sembler dérisoires - par exemple, certaines personnalités insulaires auraient voulu que la Corse tout entière soit distinguée, au lieu du Préfet de l'époque, l'un des seuls hauts fonctionnaires à avoir protégé la minorité israélite en refusant d'appliquer les circulaires de Vichy préconisant d'arrêter les Juifs présents dans les départements fançais.