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Cahier de textes de l'année scolaire 2022-2023 / VANDERPLANCKE P-L / Lycée Ravel 64500 Saint-Jean-de-Luz / Première - HISTOIRE
T3


Histoire
 
Première 35







Thème 4 : La première guerre mondiale ; suicide de l'Europe et fin des empires



Mardi 14 m
ars [13 h 05 - 14 h]

Pas de cours le 7 mars (grève nationale) ni le 21 mars (Baccalauréat)
Semaine 11

 
Débat introductif : reformulations et problématiques.
 
1°) Pourquoi parler de "suicide ?
(une guerre européenne étendue au monde par contagion, des pertes humaines et morales irrémédiables)

2°) Quels empires disparaissent ?
(la domination coloniale sera contestée mais pas remise en cause pour autant dans l'immédiat, mais le modèle de l'état monarchique fédérant plusieurs peuples est débordé par le triomphe de l'état-nation : mort des empires centraux, simplification de la carte européenne,


explication du sous-titre "LA GRANDE GUERRE" 1914-1918
Point de vue français car le pays paie le plus lourd des tributs (en proportion) en hommes décédés au combat et se forge une identité républicaine "définitive" (ralliement de la plupart des monarchistes au régime victorieux). Conséquences démographiques et politiques de très longue portée renforçant la singularité française. Pour l'historiographie récente, l'Alsace-Lorraine n'est pas l'enjeu majeur du conflit, ni la France et l'Allemagne (dont c'est la seconde guerre les opposant) les principaux belligérants. Verdun compte moins que la Somme ?

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CHAPITRE V
La "Grande Guerre" 1914-1918



INTRODUCTION
reformulation : une problématique inspirée par le point de vue "français" sur le premier conflit mondial.
1°) La France, en principe victorieuse, est la plus atteinte (en proportion) par la surmortalité liée au conflit et est traumatisée par cette guerre dont l'opinion aurait voulu qu'elle demeure "la der des der".
2°) Cette épreuve marque par ailleurs l'achèvement symbolique de l'unité nationale dans le cadre républicain : les réserves exprimées à l'égard du régime par les Royalistes et les Traditionnalistes perdent de leur intensité dans la mesure où la République, souvent moquée comme une catin (propos anti démocratie) et une Marianne grossière (mépris de classe) est finalement triomphante. Mais le triomphe est beaucoup plus apparent que réel.



le monument aux morts de Thiepval

Un document proposant une autre interprétation de la première guerre mondiale, majoritairement décrite aujourd'hui comme un conflit entre l'impérialisme britannique et l'impérialisme allemand. Le Royaume-Uni ne se résigne pas en effet, en 1914, à laisser la direction des affaires européennes et mondiales à l'Allemagne (qui a pris l'ascendant aux plans industriel et commercial) mais préfère inviter les États-Unis à exercer leur leadership ; la France fait le même choix. Les armées britanniques (celles du Royaume-Uni, mais aussi des dominions : Canada, Autralie, etc.) jouent un rôle important sur les champs de bataille (c'est, dans toute leur histoire,  sur la Somme que les Britanniques perdent le plus grand nombre de soldats). La commémoration du sacrifice des Anglais au "pays du coquelicot" (la fleur choisie comme symbole, alors que les Français lui ont préféré le bleuet) crée une solidarité (fraternité d'armes) durable entre puissances "occidentales" libérales voire démocratiques.


L'Entente Cordiale conclue ou réaffirmée en 1904 (troc de l'Égypte contre le Maroc) et le rapprochement avec la Russie, à l'initiative de la France (convention de 1907) constitue le noyau de l'alliance victorieuse en 1918, alors que la Triple Alliance allemande (avec l'empire d'Autrriche-Hongrie et le royaume d'Italie) ne fonctionne pas en 1914. Non contraignante sur le plan juridique, l'alliance franco-britannique n'est cependant ni irrévocable ni automatique, et n'a jamais débouché sur aucun plan militaire conjoint ; aussi l'entrée en guerre britannique, le 4 août 1914 (au lendemain de l'invasion de la Belgique) est-elle  un soulagement pour les Français... mais une très mauvaise surprise pour les Allemands.




I - LES CAUSES PROFONDES DU CONFLIT : une hégémonie européenne paradoxale

A - Une domination absolue (qui explique la contagion au reste du monde)
démographique
économique
politique

 
  voir le manuel   en ligne

Le dessous des cartes et les causes profondes de la guerre (document de 2013)


Premier commentaire de la vidéo : la notion de "suicide de l'Europe"


Les formes d'une domination européenne incontestée ("impérialisme", mot forgé en 1902 par Hobson)




Les Européens sont inconstestablement en position de domination démographique (25% des êtres humains, un grand dynamisme) économique (100% de l'acier est produit en Europe ou en Amérique du Nord) et politique (colonisation). Mais l'hétérogénéité des nations européennes est tellement forte qu'elle est perçue comme à l'origine des tensions préparant ou justifiant la guerre. Une guerre que le conflit opposant les Nordistes aux Sudistes a peut-être annoncé, par une similitude des causes et la nature totale de l'engagement, pour peu que la guerre civile américaine soit comparable au "suicide" de l'Europe. Certains pays sont industrialisés et forts, d'autres ruraux et faibles, certains états ont une existence historique et sont cohérents, d'autres paraissent fragiles. Par ailleurs la modernisation et la sécularisation ne sont pas uniformes : la France a déjà amorcé le deuxième mouvement de sa transition démographique, pas le reste du continent.




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Mardi 14 mars [13 h 05 - 14 h 55]

B - Des conflits internes



Le problème des nationalités en Europe centrale et orientale

La coexistence de peuples différents dans un grand état multinational (Russie, Autriche-Hongrie, etc.) est rendue difficile à l'époque contemporaine par l'exemple des unités italienne et allemande, très récentes, et compte tenu du succès du modèle de l'état-nation (France, Grande-Bretagne). L'aspiration des Slaves ou des Germains à être réunis s'accorde difficilement avec les réalités géopolitiques ; les Juifs, quant à eux, souvent victimes de pogroms en Russie, ne sont pas reconnus comme une nationalité, faute de disposer d'un territoire propre (Theodor Herzl, journaliste à Budapest, fonde le sionisme en 1897). L'intention prétée au prince héritier de l'empire des Habsbourgs l'archiduc François-Ferdinand, de vouloir transformer la monarchie en une confédération danubienne accordant l'autonomie à tous les peuples composant l'empire indispose les Autrichiens et les Hongrois (ensemble : 45% des habitants) mais inquiètent aussi la Serbie, où le parti nationaliste rêve d'annexer les provinces autrichiennes de langue serbe et soutient des sociétés secrètes (telles que la "main noire").

La question d'Orient et les conséquences du déclin ottoman
Le recul de l'empire ottoman a laissé la place, au Nord de la Grèce aux états balkaniques, petits, fragiles mais antagonistes et parfois en guerre les uns contre les autres (querelles à propos de la Macédoine).  Russes et Autrichiens (ces derniers ont annexé la Bosnie en 1908) se disputent la prééminence dans la région tandis que Londres soutient la résistance de "la Sublime Porte" harcelée par les revendications du Tsar sur les détroits. Victorieuses des Turcs, les jeunes nations balkaniques à peine confortées dans leur indépendance se déchirent (la Bulgarie est écrasée en 1912 par ses voisins, tous coalisés contre elle, qui a l'armée la plus forte mais est malgré tout vaincu : ni la Russie, retenue par son allié français, ni l'Autriche-Hongrie, empêchée par l'abstenion allemande, ne s'immmiscent alors dans le conflit, qui reste local.


L'antagonisme franco-allemand
Il prend sa source dans l'occupation de l'Alsace-Lorraine et l'esprit "revanchard" d'une partie de l'opinion, minoritaire mais excédée par les prétentions coloniales de Berlin au début du XXème siècle (crise d'Agadir en 1911). L'obsession envers "la ligne bleue des Vosges" commande surtout la nécessité éprouvée par la France de rompre son isolement diplomatique, pour rechercher à tout prix une alliance "de revers" face à l'empire allemand. Pour autant, la France n'envisage pas de prendre l'initiative d'une guerre contre son puissant voisin et, si les Alsaciens-Lorrains s'accomodent plutôt mal de leur intégration dans l'empire allemand, un mouvement autonomiste émerge progressivement dans les provinces rattachées à l'Allemagne, offrant à la population  une alternative au retour à la République (le député élu à Metz en 1912 fait malgré tout campagne pour une guerre... de la France contre l'Allemagne).




Surtout : un conflit d'ordre économique (et géopolitique)



La guerre est présentée aujourd'hui comme le choc de deux impérialismes, allemand et anglais. Devenu la première puissance industrielle en Europe, l'empire allemand aurait en effet cherché, en déclenchant la guerre, à évincer le commerce britannique et à créer une sorte de "marché commun européen" sans frontière intérieure mais fermé à la concurrence du Royaume Uni, offrant donc de larges débouchés à ses usines. On n'a cependant pas connu les projets annexionnistes de l'Allemagne en 1914 avant les années 70 (rattachement du Nord et du Pas-de-Calais à une Belgique vassale, occupation des ports de la Manche, annexion du bassin de Briey riche en minerais en  Lorraine, etc.) et donc plutôt cru au motif du "pangermanisme " ; de la même manière que l'intention britannique (première nation à s'être industrialisée, mais distancée vers 1900 par l'Allemagne et les États-Unis, devenus la première économie de la planète) de s'oposer à la "Weltpolitik allemande" et de n'accepter que l'Amérique pour lui succéder au premier rang dans le monde, a été longtemps minimisée par l'historiographie, même si c'est, de nos jours, la première raison invoquée pour expliquer le conflit.


Pas de cours le 28 mars (mobilité sortatne Erasmus+ / eVe+ C3)



Mardi 4 avril  [13 h 05 - 14 h]
Semaine 14

B - La responsabilité des pays belligérants

 Elle a fait débat après la guerre, dont l'Allemagne a en effet été reconnue seule coupable, les alliés lui imposant de très lourdes sanctions et commettant la faute de réunir la conférence de la paix enl'absence de représentants allemandes (alimentant le mythe du "diktat" de Versailles).

- La responsabilité de l'Autriche-Hongrie (et de son allié allemand) est grande : le gouvernement de Vienne saisit en effet le prétexte de la mort de l'archiduc François-Ferdinand  pour tenter de "liquider" la Serbie. Il adresse à Belgrade un ultimatum léonin dans l'espoir de rendre tout accommodement impossible, et, malgré l'acceptation de conditions humiliantes par la Serbie, il se prépare à envahir celle-ci. L'Allemagne a le tort de lui apporter son soutien total. C'est que l'état-major allemand a informé son gouvernement que l'armée allemande pouvait assumer le risque d'une conflagration européenne, étant sûre de vaincre à la fois Français et Russes, mais le gouvernement du Reich ayant été prévenu par ailleurs de l'inversion prévisible du rapport de force dans un délai de quelques années, en faveur de l'Entente (du fait de la modernisation attendue de l'économie et des forces russes). Le pouvoir politique allemand subit en quelque sorte la pression des militaires, pour lesquels c'est la dernière occasion d'imposer par la force un nouvel ordre continental favorable aux intérêts du pays.



- La Russie est solidaire des Serbes mais répugne à s'engager à leurs côtés sans l'appui de la France. Celle-ci hésite peu de temps et décide de soutenir la mobilisation de la Russie pour ne pas décevoir son alliée une fois de plus (elle l'a appelée à la retenue lors des crises balkaniques dans les années précédentes) et risquer de se retrouver isolée.  La Grande-Bretagne fait le choix (inattendu) de s'engager  lors de l'invasion de la Belgique, pays neutre, le 4 août 1914. Son gouvernement met en avant le prétexte de son indignation face au viol du Droit international, mais il s'inquiète surtout d'une éventuelle présence allemande sur la Manche, qui lui fermerait l'accès au marché européen tout en constituant une menace de débarquement permanente. Tel était bien, du reste, l'un des buts de guerre allemands (mais il est resté secret et les Historiens n'en ont rapporté la preuve qu'après 1960).

- La France (seul grand état républicain dans le concert des nations) redoute par dessus tout de se retrouver marginalisée ; l'intention de recouvrer l'Alsace-Lorraine n'est donc pas la raison la plus déterminante de son entrée en guerre, davantage justifiée par la peur d'un nouvel isolement diplomatique, tout récemment rompu par le rapprochement avec l'Angleterre (entente cordiale) et l'alliance avec le Tsar. La mobilisation se fait globalement dans la résignation et par devoir, comme dans la plupart des autres pays belligérants (le mythe de "la guerre fraîche et joyeuse" à laquelle les mobilisés se seraient attendus semble complètement démentis par le dépouillement des correspondances personnelles des soldats).

- L'Allemagne nourrit des ambitions géopolitiques non  dissimulées. Loin de rêver à la réunion de tous les peuples de culture allemande (pangermanisme) les autorités espèrent en réalité constituer un empire commercial en Europe, où les produits des industries anglaises ne pouraient être vendus, tandis que les pays voisins seraient contraints de renoncer à toute barrière douanière et se voueraient à l'agriculture pour laisser le monopole des manufactures à l'Allemagne. Il s'agit ensuite de rayonner sur la planète entière (Weltpolitik). D'après
l'historien M Fischer, qui révèle, dans les années 70, les projets allemands d'annexion de certains territoires (la Lorraine métallifère, le Luxembourg), l'état-major aurait carrément prémédité la guerre dès 1911. Une version qui cautionne après-coup le thèse controversée de la cupabilité allemande et n'est pas acceptée unanimement.





C - L'engrenage de 1914 et les causes probables du conflit (les facteurs conjoncturels)

L'opposition des impérialismes britannique et allemand semble la raison profonde de la guerre, mais d'autres facteurs ont pesé, dont certains ont passé, à l'origine, pour très déterminants.

- L'existence de deux alliances rivales a-t-elle précipité la guerre ? La réponse est plutôt négative (malgré la théorie de" l'engrenage" longtemps enseignée) s'il s'agit d'évoquer une quelconque automaticité des pactes noués entre les puissances. L'attentat du 28 juin 1914 (l'assassinat du prince héritier d'Autriche-Hongrie par un extrêmiste Serbe) ne déclenche aucune entrée en guerre immédiate et la crise semble au départ n'avoir qu'une portée purement locale. Le risque d'une guerre balkanique est perçu, mais tout le monde (le public comme les diplomates) minimise dans un premier temps la probabilité d'une implication du reste de l'Europe (les alliances ont plutôt modéré les ardeurs belliqueuses durant les années précédentes). Des négociations et des préparatifs vont avoir lieu durant  tout l'été, et finalement les opinions publiques penseront que leur pays est de bonne foi mais est contraint d'entrer en guerre par le fait des autres...


La relation par la presse de l'incident dramatique survenu en Bosnie








Mardi 4 avril  [13 h 05 - 14 h]

2. Chronologie du conflit

1914 : échec de la" stratégie des points forts" et surprises
Faillite de l'offensive française en Alsace-Lorraine (Plan 17 : percée vers Mulhouse mais seule Thann est conservée) et succès limité du Plan Schlieffen (les Allemands atteignent Senlis,  à 25 km de Paris). Contre-attaque et "miracle" de la Marne (surprise stratégique) ; viol de la neutralité belge et entrée en guerre inattendue de la Grande-Bretagne.
1915 : extension et prolongation
Guerre de position, rallliement de l'Italie aux alliés, stratégie périphérique et fiasco des Dardanelles.
1916 : Verdun
Guerre d'usure : des boucheries aux saignées, une victoire symbolique de la résistance française à l'envahisseur.



1917 : Ruptures
Désastre britannique dans la bataille de la Somme, épuisement et mutineries (leurs conséquences : Nivelle est désavoué et les Français renoncent aux grandes offensives meurtrières, Pétain renforce son prestige personnel) révolutions russes (celle de février, due aux difficultés logistiques et à la mauvaise gestion de la crise sociale de Petrograd, est suivi par celle d'Octobre - un coup d'état fomenté par Lénine, chef des Bolchéviques et désireux d'arrêter la guerrre) entrée en guerre des États-Unis (Wilson saisit l'occasion de rompre l'isolement traditionnel de la puissance américaine et entend garantir le remboursement des dettes contractées par les alliés, son prétexte est le caractère "barbare" de la guerre allemande : opérations des sous-marins contre les paquebots et cargos neutres, répression dans les pays occupés, non respect des traités, incitation faite au Mexique d'agresser les États-Unis et révélée par l'espionnage britannique).
1918 : Victoire
Grande offensive allemande à l'Ouest ("poche" de Château-Thierry) débouchant sur la formation d'un commandement unique au profit du Maréchal Foch, armistice du 11 novembre.


Jeudi 6 avril 
[14 h 55 - 15 h 50]
évaluation Trimestre 3



VACANCES DE PRINTEMPS
DU 7 AU 23 AVRIL






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Pas de cours le 25 avril (mobilité sortante ERASMUS+)

Mardi 2 mai [13 h 05 - 14 h]
Semaine 18


3. Bilan et échec de la paix de 1918

A - Des pertes humaines et matérielles colossales

des tués, des blessés ("gueules cassées" et mutilés) et des traumatisés par millions ; beaucoup de familles dans le deuil (soldats inconnus) ; des destructions très importantes sur les champs de bataille et dans les pays occupés ; une pandémie (baptisée improprement "grippe espagnole")
Une brutalisation durable et une fausse victoire pour la France, pays le plus durement atteint ?



B - Des sociétés déstabilisées

une remise en cause de la notion de Progrès et de l'idée d'une prétendue supériorité de "la civilisation" européenne ; l'émergence de revendications dans le monde colonisé ; jeunes contre "vieux" (Dada, surréalisme, etc.) ; femmes contre traditions (flappers ou garçonnes, T. Lempicka) ; contestataires contre l'ordre établi (délinquance magnifié - Bonie and Clyde, agitation révolutionnaire - Spartakistes et républiques rouges en Hongrie et Bavière, culte de l'entropie ouvrière par G. Sorel)
Le sentiment d'une jeunesse sacrifiée et l'envie d'échapper à toute force à une répétition du conflit (mythe français de la "der des der") ?



C - Une paix ratée

C1 Qui l'a faite ?
une conférence en France et des traités (tous signés en région parisienne) excluant les vaincus (mythe du Diktat) ; quatre "grands" parmi les vainqueurs (dits "alliés et associés" - parmi ces derniers, qui se présentent donc seulement comme des associés de l'Entente : les États-Unis) : trois nations aux commandes du fait de la politique de la chaise vide des Italiens ("victoire mutilée") ; un traité signé à Versailles et bilingue, pour la première fois, pour complaire à l'Amérique ; Wilson préoccupé de défendre le Droit international et notamment la liberté des peuples à disposer d'eux-mêmes, opposé par principe aux annexions mais peu conscient de l'imbrication des nationalités en Europe centrale et orientale et désavoué après-coup par le Congrès ; Lloyd George désireux d'assurer l'équilibre des forces en Europe au point de redouter une possible hégémonie française et de ménager pour cette raison les intérêts allemands ; Clémenceau - un "tigre" - auréolé de gloire mais évincé du pouvoir dès 1920 par un parlement français peu désireux d'en faire le chef de l'État - voulant rendre impossible toute idée de revanche allemande et proposant un démembrement de l'empire et sinon des garanties pour l'avenir de la part des puissances anglo-saxonnes ; deux points de convergence : l'idée d'empêcher la guerre en créant la SDN (dont la charte est incorporée au préambule des traités imposés aux vaincus) et l'ambition de tenir à distance la menace bolchévique en isolant l'URSS par un "cordon sanitaire" (des pays jeunes, parfois faibles et difficilement défendables, souvent multinationaux et sans légitimité historique avérée).
Des vainqueurs maladroits dans leur relation avec les perdants et divisés par leurs intérêts et leur tempérament ?



Mardi 2 mai [14 h 45 - 14 h 55]

Travaux-Dirigés de Méthode
ARGUMENTER - Test

Soutenez la justesse des trois phrases écrites en gras dans le résumé de la leçon ci-dessus en utilisant la reformulation faite en classe mais en recherchant librement les exemples ou les rasionnements nécessaires.





Jeudi 4 mai [14 h 45 - 14 h 55]


C2 - De quoi s'agit-il ?
L'analyse des traités : une nouvelle carte de l'Europe et du monde, la création de nombreux conflits potentiels, à l'origine de la seconde guerre mondiale voire de querelles qui durent encore.

Une série de réunions diplomatiques tenues à Paris, mais aussi à Versailles et dans quelques autres villes de banlieue parisienne, scellent le triomphe (seulement apparent) de la France, puissance victorieuse et "invitante" qui reçoit l'ensemble des puissances (alliées ou non) mais pas les vaincus, convoqués seulement pour signer les traités les concernant.

La conférence est relativement tardive, du fait de la présence de Wilson, venue par voie maritime (un président "idéaliste" qui propose la création de la SDN, Société des Nations destinée à empêcher de nouvelles guerres et basée à Genève, ancêtre de l'actuelle ONU). Le Président des États-Unis croit avoir mis fin définitivement à l'isolationnisme de son pays, et jouit d'une grande influence, compt-tenu du rôle décisif des Américains dans la victoire (habillés et armés par la France, placés sous le commandement interallié exercé par Foch, les soldats du corps expéditionnaire ont joué un rôle glorieux encore que modeste, mais leur présence, et la perspective de renforts continus, a convaincu les Allemands de l'inanité de leurs efforts et accéléré leur défaite)  obtient que les traité de Versailles soit traduit en Anglais (jusque là, c'était inutile et le Français restait la langue des diplomates). Persuadé que la guerre doit avoir un but moral et déboucher sur des conséquences acceptables par ceux qui l'ont perdue, mais encore que l'Amérique doit jouer son rôle de leader dans les relatiions internationales, Wilson est désavoué par le Congrès : son pays ne rejoindra jamais la SDN, dont il était censé être le principal gendarme aux côtés du Royaume-Uni et de la France.

Quatre "grands" président aux destinées du monde : car seuls quatre pays participent à toutes les négociations, quand les autres ne sont présents (dans l'une des 52 commissions créées !) que lorsqu'il s'agit d'évoquer le sort de nations voisines  de leurs frontières ou des problèmes les concernant directement. Vexé de ne pas obtenir tout le littoral adriatique, promis à son pays moyennant son entrée dans le conflit aux côtés de l'Entente, et surtout la ville de Fiume en Croatie, le président du conseil italien, Orlando, pratique rapidement "la politique de la chaise vide", laisant le champ libre à un triumvirat composé de Clémenceau (France) Wilson et Loyd George (Grande-Bretagne).

Les vaincus sont durement traités ; l'Allemagne en particulier est humiliée par "le diktat" de Versailles, car elle apparaît comme seule coupable de la guerre, doit payer de lourdes réparations en guise d'amende et perd ses colonies ainsi que de nombreux territoires en Europe (l'Alsace-Lorraine, mais aussi des régions devenues polonaises, quelsque spetits territoires devenus belges ou danois).

L'Autriche-Hongrie est démembrée par le traité de Saint-Germain-en-Laye. Tel n'était pas le souhait initial de la France, qui, n'ayant pas obtenu que l'Allemagne soit divisée en plusieurs états (projets de détachement de la Rhénanie ou de la Bavière) a peur d'une revanche possible de sa part et aurait préféré qu'elle ne demeurât pas la seule grande puissance en Europe centrale. Face au mouvement des peuples, Clémenceau s'incline pourtant mais il favorise les desseins de ses alliés : c'est notamment la naissance de la "grande Roumanie" (au détriment, notamment, de la Bulgarie, amputée de la Dobroudja et punie par le Traité de Neuilly) et d'un royaume des Slaves du Sud (dits Yougoslaves) alors que la Hongrie est réduite à la portion congrue (la moitié des Magyars vivent hors de ses frontières. Mais aucun des nouveaux états créés (Tchécoslovaquie, etc.) ou ressuscités (Pologne) ne semble très homogène ni capable de se défendre, et l'Autriche perd sa vocation de rassembleuse des peuples danubiens. 

En plus de la double-monarchie, la Russie impériale (devenue une république socialiste puis bolchévique)  et l'Empire Ottoman sont également rayés de la carte (ce dernier, aux termes du traité de Sèvres, est partagé entre Français et Anglais, pour ce qui concerne ses provinces arabes, et amoindri au profit de la Grèce, tandis que l'indépendance de l'arménie et l'autonomie des Kurdes lui sont imposés).

Les vainqueurs ne s'entendent pas très bien.
Si les Français sont déterminés à réduire la puissance allemande (effectivement privée d'armée) les Anglo-Saxons empêchent le dépécement de l'Allemagne moyennant l'octroi de "leur garantie" des frontières franco-allemandes et, redoutant une hégémonie française sur le continent, lui refusent d'annexer la rive gauche du Rhin. Ils estiment, comme une partie de la gauche française, que les conditions faites à l'Allemagne sont trop dures et peuvent nuire à la stabilité future des relations internationales. Mais Clémenceau obtient de d'occuper pour quinze ans la Rhénanie, de faire de la Sarre allemande un teritoire administré par la SDN et surtout : qu'il soit interdit aux Autrichiens de se réunir à l'Allemagne.











Pas de cours le 9 mai (sortie de terrain avec les Terminales, encadrée par le Professeur)

POUR LE 11/05 DEVOIR FACULTATIF
ARGUMENTER - Test (suite)

Pourquoi l'Allemagne et les autres vaincus se sentent-ils humiliés ?
(trois arguments)

Pourquoi peut-on dire des trois principaux vainqueurs qu'ils poursuivent des buts divergents ?
(trois pays, trois dirigeants, trois politiques)

Après 1918, trois empires ont disparu : nommez-les et dites quelles sont les conséquences de ce remodelage territorial en Europe centrale, à l'Est du continent et dans les Balkans.


Jeudi 11 mai [14 h 45 - 14 h 55]

 C3 - Pourquoi le naufrage ?
Le révisionnisme, l'isolationnisme américain, l'expansionnisme soviétique, la crise des années Trente...


La France n'obtient pas le démembrement de l'Allemagne mais seulement la promesse de réparations (indemnités financières) de sa part, et la garantie (toute formelle) de ses frontières à l'Est (après restitution de l'Alsace-Lorraine et démilitarisation de la Rhénanie) par les puissances anglo-saxonnes. Sa victoire semble fonder définitivement, l'unité nationale et l'attachement à la République : elle fait redouter aux Britanniques une hégémonie française sur le continent.

En réalité, l'intensité des pertes subies (saignée démographique) l'affaiblit tandis que l'Allemagne est vite revancharde (remise en cause du "Diktat") et troublée par les oppositions au régime de Weimar (démocratique) et par les effets de la crise de 1929 (retait des investissements américains, massifs après-guerre). Le désir de révision des traités (notamment celui de Versailles) est du reste assez largement répandu, et débouche très rapidement, en Orient, sur une nouvelle paix plus, beaucoup favorable aux intérêts turcs (Traité de Lausanne, imposé en 1923 par Mustapha Kemal, nouveau leader de la République Turque fondée la même année).  Ce ressentiment lancinant contre la paix de 1919 entretient le mécontentement des populations vaincues (Hongrie) ou insatisfaites (Italie) et explqiue que le sanciens combatants y défilen ten uniforme, entretenant la nostalgie de "la fraternité sous les armes" alors que le gouvernement britannique lui-même est ambigu dans sa défense des traités (politique dite : apeasement).

La SDN est finalement un échec en raison de l'abstention américaine (retour à l'isolationnisme et désavoeu de la politique du Président Wilson) et de la faiblesse des moyens de rétorsion prévus par sa charte pour sanctionner les puissances agressives, mais elle reste le symbole des espoirs d'une paix durable fondés dans les années 20 (Pacte Briand-Kellog d'interdiction de la guerre en 1928, projet d'unité européenne en 1929, esprit "de Genève").

Mardi 16 mai [13 h 05 - 14 h]
Conclusion : une paix ratée pour conclure une guerre déstabilisatrice
posant les bases des conflictualités du XXème siècle

Film : Palestine, histoire d'une Terre



FIN DE L'ANNÉE


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